Georges Cadoudal
le généralissime des chouans bretons
Personnage majeur de la contre-révolution en Bretagne, catholique et royaliste, Cadoudal prend plusieurs fois la tête des chouans du Morbihan. Il remporte quelques victoires, mais finit toujours pas perdre la guerre. Doué hag er Roé (Dieu et le Roi) était sa devise.
Georges Cadoudal nait le 1er janvier 1771 à Brec’h, dans l’actuel Morbihan, au sein d’une famille de paysans aisés.
Il est envoyé étudier au collège Saint-Yves de Vannes, où il reçoit une éducation classique. C’est là qu’il se trouve lorsqu’éclatent les troubles prérévolutionnaires à Rennes en janvier 1789, les fameuses « journées des bricoles » de la place du Parlement.
Les États de Bretagne, compétents en matière financière et fiscale, sont alors composés de nobles et de membres du tiers état. Tous les membres de la noblesse peuvent participer aux assemblées, et ils sont entre 800 et 1000 à la fin de l’Ancien Régime. Le tiers état, en revanche, n’est représenté que par quelques dizaines de députés issus de 42 villes. Les étudiants de Rennes réclament le doublement de ces derniers. A leur tête, Jean-Victor Moreau, le prévôt des étudiants en droit, appelle à la rescousse les étudiants d’autres villes de Bretagne.
Les collégiens de Vannes n’iront pas jusqu’à Rennes, mais Georges Cadoudal, âgé de seulement 18 ans, envoie à Moreau une lettre de soutien. Cette position, favorable aux revendications de 1789, est largement partagée par les paysans et les bourgeois en Bretagne.
Puis on retrouve Cadoudal deux ans plus tard, en 1791, à Auray, où il est devenu clerc de notaire. Et il devient anti-révolutionnaire, pour deux raisons :
Il participe alors aux rébellions spontanées qui prennent place en pays d’Auray, notamment à la bataille de Mané-Corohan en mars 1793. Arrêté, puis libéré, il rejoint en juin l’insurrection de la Vendée militaire, une zone entre l’Anjou, le Poitou et le sud-est de la Bretagne, où l’insurrection est bien plus structurée. Il s’y forme au combat.
L’histoire romanesque du colosse chouan démarre : d’une chouannerie à l’autre, il sera de tous les combats, jusqu’à sa mort précoce en 1804.
En janvier 1794, Cadoudal rentre à Brec’h à la ferme familiale, devenue un repaire de prêtres réfractaires, et qui sert aussi de dépôt d’armes. De nouveau arrêté, il est emprisonné à Brest, mais il s’évade !
Fort de son expérience militaire, il prend la tête des groupes de chouans de la région d’Auray et multiplie les coups de mains contre les ”Bleus”.
Mais la situation commence à évoluer dès début 1795, avec le rétablissement de l’autorisation de la pratique du culte. Certains chefs chouans cherchent alors à négocier, et le Traité de La Mabilais, un accord de paix entre les chouans et la République française, est signé le 20 avril 1795.
Cadoudal ne le signe pas car il est monarchiste et refuse de reconnaitre le régime républicain.
Depuis 1789, des dizaines de milliers de monarchistes (nobles, riches bourgeois et prélats) ont quitté le territoire français. Certains d’entre eux se rassemblent pour constituer une « armée des émigrés », qui débarque à Quiberon en juin 1795. A la tête de 15 000 hommes, Georges Cadoudal prend une part active à ce débarquement. Mais les officiers du roi et les Chouans ne s’entendent pas : les premiers sont imbus de science militaire et les seconds prônent une tactique de harcèlement. Le débarquement est repoussé par le général Hoche, c’est un échec pour les chouans, mais Cadoudal sort renforcé de l’opération.
Il profite alors de la colère des paysans, furieux de l’interdiction du pèlerinage de Sainte-Anne d’Auray, pour asseoir son autorité : grâce à une organisation quasi militaire, il traque les patriotes et interdit la livraison de blé aux soldats et aux villes dans tout le pays d’Auray.
Mais Hoche revient bientôt de Vendée. Sa tactique de contre insurrection dans les cantons ruraux, à coups de réquisitions, de confiscations de bétail et de prises d’otages, porte ses fruits.
Cadoudal signe finalement la paix fin juin 1796.
En mars 1797, les Bretons envoient une majorité de députés royalistes au Conseil des Anciens et au Conseil des 500, les deux assemblées de la période du Directoire.
Les lois anti-émigrés et anti-prêtres réfractaires sont supprimées. On parle aussi de rétablir la monarchie.
Mais le coup d’État républicain du 4 septembre 1797 remet tout en question.
Cadoudal prend une nouvelle fois les armes et le soulèvement général est décidé. Le 22 janvier 1800, son armée perd la bataille du pont du Loc’h à Grand-Champ.
Le généralissime des chouans de Bretagne signe finalement le traité de Beauregard en Saint-Avé, qui met fin à la chouannerie en Bretagne, le 14 février 1800.
Cadoudal ne s’avoue pas définitivement vaincu pour autant ! Il refuse le poste de général que lui propose Bonaparte et rejoint l’Angleterre. Le Comte d’Artois le nomme général en chef de l’armée catholique et royale de Bretagne.
Il revient en Morbihan mais n’arrive pas à relancer une nouvelle chouannerie. Il échoue également dans deux complots contre Bonaparte, en 1800 et en 1804.
Il est finalement guillotiné, le 25 juin 1804, après avoir refusé la grâce de Napoléon.
Kadoudal ! c’était le cri de ralliement de Jack Kerouac, le célèbre écrivain américain de la Beat generation, quand il rencontrait le chanteur breton Youenn Gwernig à New York.
Dans une lettre du 15 octobre 1966, le grand Youenn présentait ainsi Georges Cadoudal :
« un de nos plus grands héros bretons... Quand la Révolution a débuté il a immédiatement rejoint le mouvement antiroyaliste. Mais quand l’Assemblée constituante supprima le Parlement de Bretagne, tout changea.. Il reprit le chemin de son natif comté de Vannes pour lever une armée de paysans qui désirait ardemment se battre à côté du roi (dont il n’avait rien à foutre) et de l’Église (dont il était bien entendu un fils fidèle). Son véritable but, crois moi, était de retrouver l’autonomie, la liberté que les Bretons avaient perdus. »
Personnage majeur de la Contre-Révolution en Bretagne, Cadoudal était en fait bel et bien catholique et royaliste avant toute chose !
Sa devise était d’ailleurs « Doué hag er Roé » (Dieu et le Roi), et non pas « Doue ha mem Bro » (Dieu et mon pays), qui était celle de son frère Joseph Cadoudal, lieutenant des armées du roi, annobli en 1816.
Il ne semble donc pas que, contrairement à ce qu’affirme Youenn Gwernig, Cadoudal ait lutté pour le retour d’une Bretagne autonome, celle de l’Ancien Régime.