Port-Louis
Située au long du fleuve Blavet et ouvrant sur la baie de Lorient, Port-Louis est une ancienne ville royale dotée d’une citadelle, peuplée de nombreux récits de batailles comme de commerce, à une époque où soieries, porcelaine et épices circulaient sur les mers.
La ville, installée sur une presqu’île, se nommait Blavet du nom du fleuve qu’elle longe, avant de devenir ville royale sous Louis XIII en 1616. Mais avant cela, et pour que sa célèbre citadelle voit le jour, il est question de guerres et d’invasions…
La guerre de la Ligue en Bretagne 1588-1598
Elle fait partie des huit guerres de Religion qui se sont succédées en France, et l’épisode qui concerne Port-Louis s’inscrit dans la dernière, entamée en 1585.
Pierre Emmanuel de Lorraine (1558-1602), duc de Mercœur et alors gouverneur de Bretagne rejoint la Ligue (parti catholique en lutte contre les huguenots ou protestants), se positionnant ainsi contre le roi de France Henri IV (protestant) qui a succédé à Henri III (catholique) en 1589. La Bretagne est divisée, par des intérêts divers, entre les deux camps.
Les troupes du duc de Mercœur s’emparent des premières fortifications de Port-Louis en juin 1590 après une attaque terrestre et maritime. En octobre 1590, les troupes espagnoles de Philippe II d’Espagne débarquent pour soutenir la Ligue.
C’est alors l’ingénieur militaire espagnol Cristóbal de Rojas qui fait ériger le Fort de l’Aigle sur la presqu’île en 1591.
Une ville royale et une citadelle
Après ces guerres, c’est au tour de Louis XIII (1601-1643) de s’intéresser à Blavet et à sa position stratégique dans la rade de Lorient. Il en fait une ville royale en 1618 du nom de Port-Louis. Le gouverneur François de Cossé supervise les travaux de l’édification d’une citadelle - reprenant en partie les constructions espagnoles encore debout - qui sera confiée à l’architecte Jacques Corbineau et s’achèveront en 1622.
La citadelle comptera pas moins de 7 bastions en 1640. Vauban lorsqu’il la visite en 1683 en critique l’agencement, mais se contentera d’aménagements (arsenal, poudrière…).
La Compagnie des Indes
En 1664, Colbert (1619-1683) fonde la Compagnie des Indes orientales pour concurrencer les compagnies anglaises et hollandaises qui commercent avec l’Asie et l’Asie du sud-est. A la même époque la Compagnie des Indes occidentales est elle aussi crée, instaurant un monopole d’État sur le commerce avec les Amériques et l’Afrique, ainsi que sur la traite des esclaves (elle cessera son activité en 1674).
Aux Indes orientales, épices, cotonnades et soieries, porcelaines, nourrissent le négoce. En Inde, les Français obtiennent des accords avec les villes de Surate, Pondichéry et Chandernagor. Mais la Compagnie des Indes orientales est surtout une compagnie d’État plutôt qu’une véritable compagnie marchande, et en 1706 les difficultés financières l’obligent à déléguer une partie de ses activités aux armateurs malouins expérimentés.
Puis c’est le banquier et économiste John Law de Lauriston (1671 – 1729) qui reprend plusieurs compagnies - dont l’ancienne Compagnie des Indes orientales - et crée la Compagnie perpétuelle des Indes. Sous sa gouverne elle devient florissante faisant près de 20 millions de livres de ventes en 1750, et devenant aussi prospère que son équivalent anglais. Elle perdra ses privilèges et fermera à la Révolution.
De triste mémoire
Pendant la Seconde Guerre mondiale, la proximité de Lorient, base allemande stratégique de sous-marins, fait que les Allemands sont très présents à Port-Louis. Ils érigent des bunkers et des casemates le long des remparts.
La citadelle servira aussi de prison, et en 1944, 69 prisonniers résistants bretons seront arbitrairement fusillés devant les remparts.
La ville de Port-Louis est riche d’un large patrimoine à découvrir, et la citadelle est aujourd’hui classée au titre des Monument historiques et abrite le Musée de la Compagnie des Indes et celui de la Marine. Depuis le promontoire de la citadelle, on découvre la baie de Lorient et l’île de Groix. Quant aux musées, ils rassemblent à eux deux une passionnante invitation au voyage, et à la découverte du monde.
Musée de la Compagnie des Indes
C’est un beau lieu dans lequel est retracée l’histoire des grandes compagnies de commerce des XVIIe et XVIIIe siècles. Porcelaines de Chine, soies, cotonnades indiennes, objets et mobilier indo-européen, maquettes de vaisseaux se dévoilent au fil des salles. Et vous y croiserez des noms comme Pondichéry, Madras ou Chandernagor. La visite permet de mieux comprendre comment le monde était relié par ce commerce, et comment avaient lieu les échanges et influences entre les différentes cultures.
Musée de la Compagnie des Indes, le site.
Musée national de la Marine
Le musée propose notamment deux thématiques : le « Sauvetage en mer » et « Trésors d’océans ». La première rend hommage et relate l’histoire des sociétés de sauvetage en mer, et la seconde invite à l’exploration des trésors sous-marins et à leur archéologie particulière.
Musée national de la Marine, le site.
Pour découvrir d’autres lieux patrimoniaux de Port-Louis, vous pouvez consulter ce lien.
Les livres et articles
Philippe Audrère, Gérad le Bouëdec, La Compagnies des Indes, Éditions Ouest France, 2024.
Hervé Le Goff, La Ligue en Bretagne : guerre civile et conflit international 1588-1598, Éditions Presses universitaires de Rennes, 2019.
Benjamin Egasse, La citadelle et la ville de Port-Louis, Éditions Musée de la Marine, 2013.
Henri-François Buffet, La ville et la citadelle du Port-Louis : guide historique, Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, imp. Bahon-Rault, 1962.
Ouvrage disponible en ligne sur le site Bibliothèque bretonne et européenne.
Les sites Internet
Office de tourisme de Port-Louis : site.
Vidéos pédagogiques du musée de la Compagnie des Indes.
France Archives : Fondation des Compagnies françaises des Indes mai-août 1664.