Menez-Dregan
Il s’agit d’un ensemble de vestiges qui comprend la grotte de Menez-Dregan, la nécropole de la Pointe du Souc’h et l’allée couverte de Pors Poulhan. La grotte de Menez-Dregan est un site d’habitat paléolithique exceptionnel, et le site archéologique le plus ancien de Bretagne.
Le site appartient à un ensemble d’habitats paléolithiques, puis néolithiques, situés sur le littoral sud du Cap Sizun. Vous y trouverez la grotte de Menez-Dregan, la nécropole de la pointe du Souc’h, et l’allée couverte de Pors Poulhan.
Menez-Dregan est daté d’environ 465.000 ans avant notre ère et a servi à plusieurs populations jusqu’en 200.000 avant notre ère. Pour comprendre son histoire et celle de ses occupants il est nécessaire de situer à quelle échelle de temps on fait référence…
L’âge dit de « la pierre ancienne »
C’est l’étymologie du mot Paléolithique. Le Néolithique qui lui succède voulant dire « âge de la pierre nouvelle ». Il est traditionnellement divisé par les paléontologues en trois périodes : inférieur, moyen et supérieur.
La période du Paléolithique inférieur se déroule, en Europe, d’environ – 1,6 millions d’années à environ - 300.000 ans (et depuis vers 3 millions d’années en Afrique).
Le Paléolithique moyen de - 300.000 à - 40.000 ans.
Enfin, celle du Paléolithique supérieur et final, d’environ - 40.000 à - 9.500 ans.
C’est en premier lieu la période du paléolithique inférieur qui nous intéresse puisque la première occupation du site de Menez-Dregan remonterait à environ 465 000 ans avant notre ère.
Les chercheurs aujourd’hui qualifient du nom générique de prénéandertaliens les populations qui se sont succédées en Europe (Homo antecessor, Homo cepranancis, Homo heidelbergensis) avant l’homme de Neandertal. Ils ne sont pas tous en accord sur la question de son évolution. Ce sont en tout cas ces prénéandertaliens qui occupent d’abord le site.
Néandertal
Mais plusieurs populations se succèderont jusqu’en 200.000 avant notre ère à Menez-Dregan. Vers - 250.000 des néandertaliens l’occupent. Cet homme de Néandertal a longtemps été imaginé ou représenté comme inférieur à Homo sapiens.
Néandertaliens et hommes modernes ont pourtant cohabité et se sont rencontrés pendant une longue période, puisque nous possédons encore aujourd’hui une infime partie de son génome. Nous devons donc parler, plutôt que de deux espèces distinctes, de deux sous-espèces interfécondes, Home sapiens neandertalensis et Homo sapiens sapiens.
Les paléoanthropologues ont affiné leur point de vue et le considèrent un peu différemment aujourd’hui. Par exemple, on s’éloigne de l’image de « l’homme des cavernes » qui habite au fond des grottes. Néandertal s’installe plutôt à l’entrée de ces dernières pour bénéficier le plus possible de la lumière, et il peut aussi construire des abris provisoires (tentes, huttes) lorsqu’il se déplace. En Bretagne ce sont souvent des abris en pied de falaises, rendues accessibles par la baisse périodique du niveau marin, ou de petites grottes comme à Menez-Dregan.
Il sait façonner des outils différents et spécialisés en fonction de ses activités. Il pratique la cueillette et la chasse, et est parfois charognard. Même s’il consomme beaucoup de viande, on admet aujourd’hui qu’il a une alimentation plus variée de plantes ou de fruits, de poissons et de coquillages. L’image de la « brute » s’éloigne au profit d’une espèce dotée d’autres qualités tout à fait humaines, capable d’enterrer ses morts, et de laisser des objets que les chercheurs ont retrouvé sur différents sites.
La grotte de Menez-Dregan
Menez-Dregan I
Le site a été découvert en 1985 et fouillé depuis 1991 tous les étés jusqu’en 2021. Il se situe aujourd’hui sur une falaise au-dessus du niveau de la mer. Mais cela n’a pas toujours été le cas, les variations climatiques ont fait que le climat et l’environnement ont été très changeants. La voûte de la grotte s’étant progressivement effondrée, ce sont ces éboulis qui ont protégé le site de l’érosion marine aux multiples périodes où la mer est remontée.
Au cours de certaines périodes d’occupation du site, le niveau de la mer est aussi plus bas qu’actuellement et la ligne du rivage se trouve décalée à 5 ou 10 kilomètres plus loin.
Les chercheurs qui ont fouillé le site en font aujourd’hui la synthèse et décrivent le Menez- Dregan comme un haut promontoire rocheux dominant une grande plaine accidentée (la baie d’Audierne) traversée de cours d’eau (la paléo-vallée du Goyen), permettant à ses occupants de surveiller facilement les gibiers qui les intéressent : éléphants, rhinocéros, hyènes, équidés… (chasse et charognage).
Mais, ce n’est pas tout, les chercheurs y ont aussi retrouvé douze foyers entretenus par l’homme (pierres disposées en cercle, traces de combustion) ce qui est exceptionnel et fait du site l’un des plus anciens témoins en Europe de la maîtrise du feu par l’Homme.
Les paléobotanistes qui les ont étudiés ont déterminé que le bois utilisé est principalement constitué de conifères, et de quelques chênes et noisetiers (couche N°5).
Par ailleurs, en 30 années de fouilles, ce ne sont pas moins de 152.350 objets qui ont été inventoriés (outils de pierre taillé, galets, éclats, ossements d’animaux) sur 17 niveaux de fouilles. Inutile de dire que le travail des chercheurs va encore se poursuivre pendant bien des années en laboratoire…
Avec l'aimable relecture de Jean-Laurent Monnier, directeur de Recherche émérite au CNRS.
Le remarquable ensemble des mégalithes présents est à découvrir pour mieux comprendre ces différentes périodes de la préhistoire, et connaître la vie des populations qui s’y sont succédées. Les monuments sont, qui plus est, situés sur une hauteur dominant l’océan, et le panorama est superbe.
Menez-Dregan
Le site de la grotte ne se visite pas car sa voûte effondrée ne le permet pas. En revanche, vous pourrez découvrir des moulages de certains objets qui y ont été mis au jour dans le Centre d’interprétation du site, comme par exemple des bifaces (outil de pierre taillée) ou des choppers (galet taillé avec un tranchant aménagé). Des hauteurs que le site domine aujourd’hui, on peut laisser son imagination dérouler la large plaine qui s’étendait en face, peuplée d’espèces pour nous aujourd’hui exotiques.
Le centre d’interprétation de Menez-Dregan
Vous y trouverez de quoi aborder l’histoire du site et de ses occupants via plusieurs thématiques, de l’évolution du climat, à différents sujets comme les foyers, les abris sous roches, ou encore la façon dont ces hommes se sont approprié un territoire. Vous pourrez également découvrir les fouilles qui ont été faites à l’aide d’une vidéo.
Par ailleurs, ne manquez pas à proximité les deux sites néolithiques que sont la nécropole de la Pointe du Souc’h, et l’allée couverte de Pors Poulhan.
Nécropole de la pointe du Souc’h
La nécropole comprend un cairn (structure de pierre à degrés recouvrant certains dolmens) de 42 mètres de long sur 11 mètres de large. Quatre dolmens datés du néolithique moyen (vers 4000 à 3500 avant notre ère) et un dolmen du néolithique final (vers 3500 à 2500 avant notre ère), ainsi qu’une tombe fosse. Les archéologues y ont mis au jour des pointes de flèches, des galets, des éléments constitutifs de parures (grain de quartz rouge, galets polis percés d’un trou, deux pendeloques en silex), ainsi que deux nombreuses poteries.
Allée couverte de Pors Poulhan
Le site, daté entre 3300 et 2800 avant notre ère, soit au Néolithique final, a été utilisé jusqu’à l’époque gallo-romaine. Il a malheureusement été partiellement démoli pendant la Seconde Guerre mondiale, puis livré à lui-même, jusqu’à faire l’objet de campagne de fouilles sérieuses à partir de 1988.
L’allée couverte compte deux rangées de huit orthostates (dalles verticales) et une chambre funéraire de 10,80 mètres de long sur 1,50 mètre à deux mètres de large.
Les archéologues y ont trouvé des ossements humains ainsi que de très nombreux silex sous différentes formes (éclats, débris, lamelles, grattoirs…), et des tessons de céramique. Là aussi, ils ont mis au jour des éléments provenant de parures comme par exemple dix perles en stéatite (roche très tendre composée en grande partie de talc).
Le site de Pors Poulhan est situé à 700 mètres de Menez-Dregan.
Les livres et articles
Jean-Laurent Monnier, Bernard Hallegouet, Stéphan Hinguant et Nathalie Molines, « Plouhinec – Site de Menez-Dregan I » [notice archéologique], dans ADLFI. Archéologie de la France – Informations, 2019.
Article disponible en ligne : http://journals.openedition.org/adlfi/23685
Jacques Jaubert, Préhistoires de France, Éditions Confluences, 2018.
Anne-Lyse Ravon, « Originalité et développement du Paléolithique inférieur à l’extrémité occidentale de l’Eurasie : le « Colombanien » de Menez‑Dregan (Plouhinec, Finistère) ». Thèse de doctorat soutenue le 4 juillet 2017 à l’Université de Rennes 1, dans Bulletin de la Société préhistorique française, tome 116, n°2, pp. 388-389, 2019.
Michel Le Goffic, « La pointe du Souc'h. Une nécropole mégalithique », dans Dossiers d'Archéologie, hors-série n°32, pp. 48-5, 2017.
Claire Gaillard, Michel Le Goffic, Jean-Laurent Monnier, Les sites archéologiques de Menez Dregan, Plouhinec en Finistère, Éditions Gisserot, 2014.
A.-L. Ravon, J.-L. Monnier, « La transition Paléolithique inférieur-moyen dans l'Ouest armoricain : l'exemple de la couche 4 du site de Menez-Dregan I (Plouhinec, Finistère) », dans Bulletin de la société préhistorique française N°110, pp. 7-24, 2013.
Stephan Hinguant, Yves Menez, Fouilles et découvertes en Bretagne, Éditions Ouest-France, 2010.
Bernard Hallegouët, Stéphan Hinguant, Anne Gebhardt, Jean-Laurent Monnier, « Le gisement Paléolithique inférieur de Ménez-Drégan 1 (Plouhinec, Finistère) » dans Bulletin de la Société préhistorique française, tome 89, n°3, pp. 77-81,1992.
Article disponible en ligne :
https://doi.org/10.3406/bspf.1992.9504
Vidéo
INA – Journal Télévisé – FR3 2001 :
https://fresques.ina.fr/ouest-en-memoire/fiche-media/Region00320/fouill…
Les sites Internet
Cap Sizun Tourisme :
https://www.capsizuntourisme.fr/cap-sizun-pointe-du-raz/nos-coups-de-co…
Menez-Dregan, le site :
https://menezdregan.wixsite.com/francais/le-site
INRAP – J’ai vécu au Paléolithique moyen :
Département du Finistère – Grotte de Menez Dregan :
https://www.finistere.fr/points-interets/la-grotte-de-menez-dregan/