Maquis de Saint-Marcel
Dans le Morbihan, en 1943, un maquis entre Sérent et Saint-Marcel devient le plus important maquis FFI (Forces Françaises de l’Intérieur) de Bretagne. La bataille qui s’y déroule le 18 juin 1944 sera suivie d’une répression terrible pour les habitants et les maquisards.
La Résistance en Bretagne
Il est évidemment difficile et délicat de résumer ici toutes les actions de la Résistance qui sont organisées. Il s’agit avant tout de rappeler une chronologie et un contexte.
A partir de l’été 1940 et de l’année 1941, des premiers sabotages ont lieu en Bretagne sur des lignes électriques. Très vite, des réseaux de renseignements sont aussi formés, notamment à cause de la présence de bases sous-marines allemandes construites dans les ports militaires (Brest, Lorient, Saint-Nazaire). Des évacuations d’aviateurs sont soutenues par les Britanniques, les sabotages se poursuivent, les réseaux se structurent et des journaux clandestins paraissent (comme Libération-Nord ou Défense de la France).
Le maquis
Les Alliés cherchent à retarder l’arrivée des renforts allemands sur les plages du débarquement, et deux zones sont retenues pour ce faire : La Bretagne et le Pas de Calais. En Bretagne, la RAF (Royal Air Force) a identifié et validé en juin 1943 une zone près de Saint-Marcel qui comporte des points de repères nécessaires pour les parachutages à venir (deux cours d’eau, une voie ferrée). L’endroit - drop zone, zone de largage - est baptisé du nom de code Baleine (Whale en anglais).
Les 5 et 6 juin 1944 des premiers parachutages du 4e bataillon SAS (Special Air Service) de la France libre ont lieu, sous le commandement du colonel Bourgoin. Ces SAS sont des français libres, des forces spéciales entrainées. Simultanément, d’autres parachutages se font dans les Côtes d’Armor. Ces bataillons ont des missions précises de sabotage à effectuer. Ils rejoignent alors le maquis de Saint-Marcel où se trouvent de nombreux résistants civils et l’état-major des FFI du Morbihan.
Le camps – qui s’étend sur près de 500 hectares – va accueillir entre 2000 à 2500 maquisards et parachutistes. Autour de la ferme de la Nouette à Sérent et à Saint-Marcel, la vie s’organise, la population participe en nourrissant et hébergeant chacun. L’endroit est surnommé « La petite France », témoignant de l’espoir et de l’engagement des personnes qui s’y trouvent.
Les parachutages de containers et d’hommes se poursuivent de nuit : des armes, et jusqu’à des jeeps arrivent, destinées à préparer les combats insurrectionnels de la Libération, en formant aussi les maquisards dont beaucoup ne connaissent pas le maniement des armes.
18 juin 1944
Si les allemands, pourtant très présents dans la zone, ne sont pas intervenus plus tôt malgré les parachutages à répétition, c’est probablement par ce que le camp n’était pas considéré comme une priorité à ce moment-là. Mais dans la nuit du 17 au 18 juin 1944 deux voitures allemandes vont venir en reconnaissance et pénétrer dans le camp. L’un des soldats échappe aux français et donne l’alerte.
Le matin du 18 juin, les allemands sont là et tentent d’entrer dans le camp par différents endroits. Ils sont repoussés toute la journée et de nombreux combats ont lieu, mais le soir l’ordre d’évacuation du camp est finalement donné.
Les représailles allemandes vont être terribles : le village de Saint-Marcel est pillé et les maisons incendiées. Il en sera de même aux alentours et dans de nombreuses fermes. Des civils sont exécutés et les maquisards sont traqués.
« Les Compagnons de la Libération ont été l’âme de la France, la France qui combat, la France du refus. Avec la Résistance, ils ont entretenu la flamme de l’espoir. Ils ont montré qu’il faut continuer à croire (…) ». Jean-Christophe Notin, écrivain et historien.
Même si cette citation s’applique précisément aux Compagnons de la Libération, peut-être pouvons-nous la dédier, aussi, aux habitants, maquisards et combattants présents à Saint-Marcel et Sérent.
Le général de Gaulle viendra ensuite à plusieurs reprises après la guerre en Bretagne (Brest, Rennes, Ile de Sein, Saint-Brieuc, Lorient, Vannes, Quimper, Saint-Nazaire, Morlaix…) et le 27 juillet 1947 il se rendra sur les anciens maquis afin de rendre hommage à la Résistance bretonne.
Avec l'aimable relecture de Tristan Leroy, conservateur du Musée de la Résistance en Bretagne.
Mémorial et lieux
Le grand monument mémorial de la Nouette (du nom de la ferme) se dresse sur une esplanade accessible depuis la route qui va de Saint Marcel à Sérent. Il se trouve dans la nature et vous pourrez y accéder facilement.
Il existe aussi plusieurs stèles disséminées qui portent les noms des victimes (stèle du Bois Joly, stèle des fusillés, stèle des déportés), ainsi que différents lieux marqués du souvenir de ces évènements. Le mieux pour les découvrir est de suivre le parcours proposé par le Musée de la Résistance en Bretagne : il est de 5 kilomètres et 11 étapes et part et revient au musée.
Voici un lien vers le plan et tous les détails du parcours :
Le Musée de la Résistance en Bretagne
Le musée a rouvert ses portes en 2021 après presque deux ans de travaux, il est complètement rénové. C’est évidemment un endroit incontournable pour mieux comprendre ces évènements, et il est implanté sur le lieu des combats. Sur 1000 m2 de nombreuses animations sont accessibles ainsi que des contenus multimédias.
Il propose de ateliers (cryptographie, faussaire), des jeux de pistes, des projections d’archives et de films, des conférences, ainsi que des visites guidées thématiques. Le musée a également des offres spécifiques de visites et ateliers dédiés aux enseignants et à leurs élèves du primaire au lycée.
Tout est fait pour comprendre à la fois le contexte et les faits, mais également découvrir l’humain, à la fois à travers les personnages, mais également dans le quotidien de la Résistance.
A noter, un atelier intitulé « Portraits de femmes » (pour les collèges et lycées) permet de découvrir l’engagement et le rôle de bretonnes pendant la guerre.
Ces activités très variées sont à découvrir en détail sur le site du musée : https://www.musee-resistance-bretagne.com/le-musee/
Enfin, vous pourrez profiter en extérieur des tables de pique-nique qui sont installées dans le parc du musée pour les beaux jours.
La ville de Ploërmel
Elle n’est pas loin - à 17 kilomètres - et l’on peut y découvrir un riche patrimoine culturel et architectural car c’est une ancienne cité ducale. Vous y trouverez par exemple, l’Hôtel des Ducs de Bretagne où ils ont séjourné au XIVe siècle, avant de s’installer au Couvent des Carmes. Au XVIIe siècle, leur ancienne demeure deviendra une auberge « L’hôtel de l’écu de France ». Vous pourrez aussi voir la maison dite des Marmousets (1586), une maison à pans de bois avec d’étonnants petits personnages sculptés.
L’Horloge astronomique
A Ploërmel, c’est une curiosité qui mérite le détour. La belle horloge astronomique de Frère Bernardin construite entre 1850 et 1855, et classée aux Monuments Historiques en 1982. Elle permet de lire l’heure et la date, le fuseau horaire, les saisons, les phases de la lune… Elle contient aussi une représentation du système solaire.
On peut la découvrir dans l’enceinte de la maison mère des Frères de La Mennais, en centre-ville.
Les livres et articles
Tristan Leroy, La Bretagne dans la Seconde Guerre mondiale. Occupation – Résistance, Éditions Ouest France, 2023.
Christian Bougeard, Histoire de la Résistance en Bretagne, Éditions Gisserod, 2020.
Olivier Porteau, « L’Action combinée du 2e régiment de chasseurs parachutistes et de la Résistance bretonne dans le dispositif stratégique de l’opération Overlord », dans Patrick Harismendy et Erwan Le Gall (dir.), Pour une histoire de la France libre, pp. 107-123.
Presses universitaires de Rennes, 2012.
Patrick Mahéo, Saint-Marcel : haut lieu de la Résistance bretonne : chronique d'un village à travers les siècles, Rue des scribes éditions, 1997.
Témoignages
Jack Quillet, Du maquis aux parachutistes S.A.S., Atlante Éditions, 2008.
Jeanne Bohec, La Plastiqueuse à bicyclette, Mercure de France, Éditions du Sextant, 2004.
Joseph Jego, 1939-1945 : Rage, action, tourmente au pays de Lanvaux, 1991.
Jean Paulin, La rage au cœur, Éditions Marabout-junior, 1958.
Michèle Chevalier, Témoignage d’Anne Marie Vincente Créquer, figure méconnue de la Résistance bretonne, Musée de la Résistance en ligne :
Sites internet
Podcast L’Almanac’h :
Patrimoine et archives du département du Morbihan - Le maquis de Saint-Marcel :