Hennebont
Située en aval du fleuve Blavet, dans le département du Morbihan, Hennebont est une ville qui porte haut son riche passé médiéval.
Son nom signifie en breton vieux pont, ou chemin du pont (Hent pont), car la ville est installée en bordure du Blavet et marque le passage entre les eaux maritimes et fluviales de ce dernier. S’il existe des traces d’occupation d’un oppidum gaulois, puis d’une motte féodale (rive droite) établie par les seigneurs d’Hennebont, la ville se développe à partir du XIIIe siècle.
Un duc de Bretagne
Jean 1er dit Le Roux (1217 ou 18 -1286), duc de Bretagne pendant plus de soixante ans, entreprend de transformer Hennebont au milieu du XIIIe siècle : il fait détruire la motte féodale de la rive droite et fait édifier une ville close fortifiée rive gauche.
La ville devient l’un des symboles de la puissance ducale et son activité portuaire se développe.
Blanche de Navarre (1226-1283), épouse de Jean 1er, intervient quant à elle en fondant une abbaye sur le territoire d’Hennebont, l’abbaye Notre-Dame-de-Joye, où elle sera inhumée.
La ville fortifiée va subir de nombreux assauts…dont l’un pendant la Guerre de Succession de Bretagne.
Une ville assiégée
Hennebont va être assiégée à plusieurs reprises. Les assauts commencent pendant la Guerre de Succession de Bretagne. Son point de départ se situe au décès du duc de Bretagne Jean III Le Bon (1312 -1341) qui meurt sans héritier, et sans avoir tranché entre deux héritiers potentiels : son demi-frère, Jean de Montfort (1294-1345), et Jeanne de Penthièvre (1324 ? -1384), sa nièce.
Jean de Montfort a le soutien du roi d’Angleterre Edouard III Plantagenêt et Jeanne de Penthièvre, mariée à Charles de Blois, neveu du roi de France, celui de Philippe VI de Valois.
La Bretagne dans sa Guerre de Succession se retrouve liée à la Guerre de Cent Ans. Jean de Montfort et Charles de Blois vont s’affronter à travers tout le duché. Cette guerre va être très rude pour les Bretons. Hennebont est une ville qui soutient Monfort et elle subit plusieurs sièges, dont celui de 1342 que raconte le chroniqueur Jean Froissard.
Il y relate un fait d’arme de l’épouse du duc de Montfort, Jeanne de Flandre (1295 - 1374) qui, lorsque son mari est emprisonné, poursuit le combat. En 1342 elle est enfermée dans Hennebont alors que Charles de Blois l’assiège. Elle prend la tête d’un bataillon de soldats et effectue une sortie de nuit, mettant le feu aux tentes des assaillants, et profitant du désordre pour se frayer un chemin jusqu’à Auray, d’où elle revient avec des chevaliers pour libérer la ville. Il semble que cette action lui vaille son surnom de « Jeanne la Flamme » (à moins que ce ne soit son nom « de Flandre).
La guerre se termine par la victoire de Jean de Montfort (1339 - 1399) - le fils du premier Jean de Montfort, cité plus haut -, soutenu par l’Angleterre avec toujours Edouard III, qui poursuit ses vues sur la Bretagne - sur Charles de Blois à la bataille d’Auray en 1364. En 1365 c’est la signature du premier Traité de Guérande par lequel Jean de Montfort devient Jean IV, duc de Bretagne.
Quelques dix ans plus tard (1373), c’est au tour de Duguesclin d’assiéger la ville d’Hennebont pour en déloger les Anglais qui y avaient laissé une garnison.
Hennebont subira encore des sièges au moment de la Guerre de la Ligue en Bretagne (1588 -1598), opposant catholiques et protestants. Le duc de Mercœur (1558-1602), avec le soutien des troupes catholiques envoyées d’Espagne, fait assiéger la ville - alors aux mains des protestants. Au cœur de nombreux combats et tirs de boulets, elle finit par se rendre en 1590.
La ville poursuit ensuite pacifiquement son développement commercial et maritime jusqu’au XVIIIe siècle.
D’autres perspectives
C’est au XVIIIe siècle qu’Hennebont va être supplantée par Lorient et Port-Louis qui récupèrent le commandement militaire des troupes, et où s’implante la Compagnie des Indes orientales.
Au XIXe ce sont les Haras nationaux qui s’installent sur le site de l’ancienne abbaye Notre-Dame-de-Joye.
Ce sont aussi les Forges d’Hennebont (fermées en 1960), une usine métallurgique, qui vont contribuer à son développement industriel. Elles sont situées à Inzinzac-Lochrist – à environ 5 km au nord d’Hennebont – et doivent leur implantation à l’accroissement de la demande de conserveries de légumes et de poissons. La ville devient peu à peu une cité ouvrière.
Seconde Guerre mondiale
Hennebont est occupée depuis 1940. Le 7 août 1944, alors que les Américains sont dans la ville, une partie en est détruite par les bombardements allemands depuis Lorient et Groix. Les bombes incendiaires détruisent Hennebont aux deux tiers, dont une grande partie de ses quartiers historiques. Des exactions sont commises sur la population civile par les soldats allemands en déroute.
À la fin de la guerre, il faut reloger près de 600 familles, ce qui sera fait progressivement dans des baraques sommaires, souvent sans sanitaires ni eau. Certaines familles vont y vivre jusque dans les années 1970.
La ville d’Hennebont conserve heureusement de nombreux témoignages de son passé médiéval malgré les destructions. C'est un endroit où il fait bon flâner, les yeux levés, pour découvrir ses façades médiévales et ses remparts, ou encore la belle basilique de style gothique flamboyant, Notre-Dame de Paris.
Musée d’Hennebont – Musée d’histoire et de traditions locales
Il est situé dans les tours de la porte Broerec, porte d’entrée de la ville médiévale. En 10 salles thématiques, le musée retrace l’histoire de la ville et du port du Blavet, donnant à découvrir des maquettes explicatives, des costumes, du mobilier, comme des faïences et de nombreux objets. On s’y croirait hors du temps, à l’abri des murailles épaisses des tours…
Les Médiévales d’Hennebont
Ces fêtes ont lieu tous les deux ans, en juillet (la dernière édition date des 27 et 28 juillet 2024). Ambiance colorée, animée et bonne enfant garantie ! Les habitants sont nombreux à participer bénévolement. Vous y trouverez tous les ingrédients des fêtes médiévales, bateleurs, conteurs, cracheurs de feu ou musiciens, et près de 120 artisans, sans compter des conférences et de nombreuses animations.
Les livres et articles
Martine Rouellé, Hennebont et sa reconstruction (1940 -1960), Liv éditions, 2017.
Jean Cassard, La guerre de Succession de Bretagne, Éditions Coop Breizh, 2006.
Yann Lukas, Hennebont, vingt siècles d’histoire, Éditions Pallantines, 2006.
Roman
Daniel Cario, Les Forges Rouges, Éditions Coop Breizh, 2023.
« À travers trois générations, Daniel Cario dresse une fresque somptueuse de la gigantesque usine métallurgique installée sur les rives du Blavet, de sa création jusqu'à sa fermeture définitive (…) ».
Les sites Internet
Office de Tourisme Lorient Bretagne Tourisme, page consacrée à Hennebont.