Château des Ducs de Bretagne
8 siècles d'histoire
Le château des ducs de Bretagne est témoin de 8 siècles d’histoire. En plein cœur de la ville de Nantes, ce château fortifié permet de découvrir une grande partie de l’histoire des ducs de Bretagne, et d’une duchesse, Anne de Bretagne, deux fois reine de France.
Sans entrer ici dans la longue et complexe histoire des ducs de Bretagne, nous pouvons rappeler pourquoi leur histoire est liée à Nantes - toute comme elle l’a été à Rennes et Vannes.
Les enjeux et les alliances, les luttes et les oppositions entre le pouvoir ducal breton et le royaume de France au fil des siècles laisse évidemment des traces dans toute l’histoire des lieux qui leur sont liés. Nantes illustre par la construction de son château une période d’opposition forte du duché au roi de France.
Deux hommes et une femme sont liés à l’implantation du duché à Nantes à plusieurs siècles d’intervalles :
Alain (910-952), petit-fils du roi Alain le Grand, dit Alain Barbetorte, est à la fois comte de Cornouaille et comte de Nantes et est considéré comme le 1er duc de Bretagne. Il fait de Nantes sa capitale en 936, et emporte une victoire décisive contre les Vikings près de Trans (IIe et Vilaine) en 939 qui va signer progressivement leur retrait définitif de France.
François II (1458-1488), quant à lui, est couronné à Rennes en 1459, et s’installe à Nantes dont il fait la capitale de son duché. C’est lui qui fait construire le nouveau château à la fin du XVe siècle, et Anne de Bretagne (1477, 1514) sa fille, duchesse de Bretagne, poursuivra les travaux quand elle deviendra reine de France. Après un premier mariage avec Charles VIII, roi de France, en 1491, c’est à Nantes qu’elle épouse le 8 janvier 1499 Louis XII, roi de France.
L’histoire d’Anne de Bretagne est liée à la fois à la renaissance du duché de Bretagne et au fait qu’en 1532 elle devienne une province française. Renaissance car elle défendra son duché et veillera à ses prérogatives, et rattachement au roi de France, par sa descendance.
Anne de Bretagne a en effet eu 9 enfants de ses deux mariages, mais seules deux filles ont survécu. Or, il faut un héritier mâle pour assurer la transmission, sans compter la complexité des deux contrats de mariage royaux.
En 1514, sa fille ainée Claude épouse le futur François 1er et elle fait donation de son duché à son époux. A sa mort, des gouverneurs de Bretagne sont nommés, qui rendent compte au roi. Le processus suit son cours.
En 1532, le fils de François 1er est couronné à quatorze ans duc de Bretagne à Rennes sous le nom de François III. La même année, en septembre, est signé le « contrat bilatéral entre gouvernement français et représentants de la Bretagne » au château du Plessis-Macé. C’est la date retenue pour le rattachement de la Bretagne à la France.
La Bretagne conserve pourtant de nombreux privilèges qui vont perdurer, mais en 1536 à la mort de François III, Henri son frère est désigné par le roi pour lui succéder, et il s’en remettra finalement à ce dernier pour gouverner le duché qui est maintenant bel et bien intégré à la France.
Le site comptait un premier château, la Tour Neuve, bâti sur l’enceinte gallo-romaine (encore visible pour partie) au début du XIIIe siècle, et qui sera détruit en 1466. Il n’en reste de visible aujourd’hui qu’une tour.
C’est François II, alors en lutte contre le roi de France, Louis XI, qui fait bâtir un château fortifié, destiné à être la résidence ducale. Huit tours sont également élevées, et les remparts comptent quelques 500 mètres de chemin de ronde. Quelques temps arrêtés, les travaux du château reprennent en 1491 avec Anne de Bretagne. La reine de France achève la construction du monument en élevant les corps de logis et de gouvernement et fait ouvrir quatre loggias au sommet de la tour de la Couronne d’or.
Au XVIe et XVIIe siècles le château sert de résidence aux rois de France quand ils viennent en Bretagne. Puis au fil du temps, il est l’objet d’usages bien plus prosaïques, puisqu’il devient une caserne, un arsenal, et une prison (notamment pour des prêtres réfractaires au moment de la Révolution). Le château subira plusieurs ajouts, destructions et transformations au fil des siècles, dont une explosion spectaculaire en 1800 dans la tour des espagnols qui servait au stockage des munitions.
Il est classé à l’inventaire des Monuments historiques en 1862 et devient propriété de la ville de Nantes en 1915.
Avec l'aimable relecture de Bertrand Guillet, directeur, Château des ducs de Bretagne, Musée d'Histoire de Nantes, Mémorial de l'abolition de l'esclavage.
C’est assurément une visite incontournable à faire à Nantes ! Après quinze années de travaux, et trois années de fermeture complète au public, le château et le musée ouvrent leurs portes en 2007. Le musée d’Histoire propose aujourd’hui une muséographie moderne, interactive, multimédia et très diversifiée dans ses approches, qui contribue à rendre les choses accessibles à chacun. Le château et le musée sont liés et l’idéal est de les visiter tous les deux pour saisir toute l’histoire du lieu.
Le château tel qu’on le découvre à l’intérieur des murailles présente une superbe façade blanche, en tuffeau de la Vallée de la Loire, de style gothique flamboyant et Renaissance.
Le musée en lui-même compte 32 salles et 1150 objets. On y découvre l’Histoire et les personnages liés au château des Ducs de Bretagne. Vous pourrez voir une superbe modélisation 3 D du château qui le restitue notamment tel qu’il pouvait être au XIVe siècle, puis, tout au long des siècles jusqu’au XIXe ! Les reconstitutions ont été réalisées sous l’égide d’un comité scientifique qui comprenait des archéologues, des historiens et des historiens de l’art. C’est un travail impressionnant, et l’interactivité du dispositif permet de découvrir le bâtiment sous de très nombreux angles et d’en suivre l’évolution architecturale.
Par ailleurs, d’autres collections du musée sont consacrées aux thématiques de l’esclavage et de la Traite atlantique, des deux guerres mondiales, ainsi que de l’histoire industrielle de Nantes.
Beaucoup d’éléments ont été numérisés, et vous pouvez en prendre connaissance sur le site des collections.
Enfin, il propose de nombreuses expositions temporaires, dont une sur la thématique des chevaliers, du 19 octobre 2024 au 20 avril 2025.
Exposition sur les chevaliers.
C’est une très belle balade à faire quand vous êtes à Nantes. Le jardin s’étend sur 7 hectares et possède quelques 800 m2 de serres… On s’y promène entre des plans d’eau et des cascades, des sculptures, ou des œuvres d’artistes contemporains.
Coté flore, il est évidemment très riche, mais pour ne citer que quelques exemples, on peut y découvrir un spécimen de magnolia à grandes fleurs et un séquoia géant. Et ce n’est pas fini : il possède 600 cultivars de camélias, des collections de cactées et de succulentes, et un Palmarium avec une remarquable collection d’épiphytes (les plantes qui poussent en se servant d’autres plantes comme support), comme certaines variétés d’orchidées par exemple.
C’est un lieu un peu fou et imaginaire crée par François Delaroziere et Pierre Orefice, qui est situé sur les anciens chantiers navals. C’est une invitation au voyage entre l’univers de Jules Vernes, celui de Léonard de Vinci et l’histoire industrielle de Nantes, incarnée par des machines – dont le célèbre éléphant – et un bestiaire extraordinaire que vous font visiter les machinistes.
Le site des Machines de l’île.
Nantes est la ville natale de Jules Verne (1828-1905) et possède d’ailleurs un musée qui lui est consacré. C’est sans doute pour cela que « Les Utopiales » prennent place ici. Si vous avez l’opportunité d’être à Nantes en novembre 2024, passez découvrir ce festival dédié à la science-fiction sous toutes ses formes : sciences, littérature, cinéma, bande dessinée, mangas et jeux.
Cité internationale des Congrès, du 31 octobre 2024 au 3 novembre 2024.
Les livres et articles
Delphine Gaston-Sloan, « Le château des Ducs de Bretagne, à château fort, grande Bretagne », dans L'histoire de France à travers ses monuments. Grande histoire et petits secrets, sous la direction de Delphine Gaston-Sloan. Éditions Armand Colin, « Hors collection », pp. 101-104, 2023.
Patrick Kernévez, « Le paysage castral breton au temps du duc Jean Ier le Roux (1237-1286) », dans Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest (n° 132), pp. 61-74, 2023.
Patrick Kernévez, Julien Bachelier, « Fortifications, villes et fabrique de l’État breton, XIIIe-XVe siècles », dans Histoire urbaine, (Hors-série n° 1), pp. 47-78, 2021.
Philippe Guigon, « Le château des ducs de Bretagne entre grandeur et renouveau. Huit siècles d’histoire », dans Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, (n° 125-4), pp. 176-178, 2018.
Pierre Chotard, Dans les prisons de Nantes…, Éditions Château des Ducs de Bretagne, coll. « Les indispensables », 2018.
Bertrand Guillet, "Le château des ducs de Bretagne, huit siècles d'histoire", Éditions Château des Ducs de Bretagne, coll. « Les indispensables », 2017.
Bertrand Guillet et Aurélien Armide, "Le château des ducs de Bretagne : entre grandeur et renouveau : huit siècles d'histoire", Presses universitaires de Rennes, 2e édition, 2016.
Nicolas Faucherre et Jean-Marie Guillouët, "Nantes flamboyante (1380-1530)", Société archéologique de Nantes et de Loire-Atlantique, 2014.
Alain Salamagne, Jean Kerhervé et Gérard Danet, "Châteaux et modes de vie au temps des ducs de Bretagne, XIIIe – XVIe siècles", Éditions Presses universitaires de Rennes, 2013.
Guy Saupin, Le Château des ducs de Bretagne, Édition Musée d'Histoire de Nantes, 2007.
Sites internet
Site du château de Nantes : https://www.chateaunantes.fr/
Site de la mairie de Nantes : https://patrimonia.nantes.fr/home/decouvrir/themes-et-quartiers/chateau-ducs-bretagne.html
Site de l’Office de Tourisme : https://www.labaule-guerande.com/visite-chateau-des-ducs-de-bretagne-le-voyage-a-nantes-nantes.html
Documentaire
Pierre-François Lebrun, « Anne de Bretagne - L’Héritage impossible » (52 minutes), Cinémathèque de Bretagne :