Château de l'Hermine
un château ducal
Le château de Jean IV, duc de Bretagne, dans lequel il résidait à la fin du XIVe siècle, à Vannes alors capitale ducale. Il va disparaître au fil des siècles, pour réapparaître… en 2023.
Le château
Il est situé sur les remparts de Vannes, mais sa construction en est postérieure. L’enceinte fortifiée de la ville ayant été construite au IIIe siècle par les Romains.
C’est Jean de Montfort, Jean IV (1364-1399) duc de Bretagne, qui fait construire le château de l’Hermine entre 1380 ou 1381 et 1385, certains travaux se poursuivant au XVe siècle. Il fait aussi étendre les remparts au Sud de la ville et ceux-ci englobent alors près de 13 hectares. C’est un château fortifié adossé à un grand parc, dont il fait sa résidence.
Lorsqu’en 1458 François II de Bretagne transfère sa capitale de Vannes à Nantes, le château va progressivement tomber en désuétude, à l’exception notable d’un séjour du roi François 1er en 1532.
Quant à la suite de son histoire, elle n’est pas réjouissante car il est ensuite malheureusement ruiné puis démantelé au XVIIe siècle, certaines de ses pierres servant aux remparts, et d’autres aux quais du port de Vannes.
Le bâtiment actuel est l’Hôtel Lagorce et date de 1785. C’est un traiteur-pâtissier, Julien Lagorce, qui y bâtit et y ouvre un hôtel restaurant d’une certaine renommée, non sans avoir détruit au préalable les restes des deux tours du château en 1798.
L’établissement ferme en 1803 et est racheté par l’État en 1876. La ville de Vannes en devient finalement propriétaire en 1976. L’histoire du duc Jean IV semble bien loin...
Réapparition
En 2023, une campagne de fouilles archéologiques menée par L’INRAP (Institut National de Recherches Archéologiques Préventives) permet de faire une formidable découverte sous 3 mètres de terre devant l’hôtel Lagorce : des vestiges de l’ancien palais ducal apparaissent alors, avec notamment un logis de près de 30 à 40 mètres de long dont la façade principale est au Nord.
Les archéologues ont notamment mis au jour les vestiges d’un escalier à vis, des moulures, une baie à coussiège (banc aménagé dans l’embrasure d’une fenêtre), de la monnaie, de la vaisselle en céramique ; et également des latrines, et un système d’adduction d’eau (c’est-à-dire l’ensemble des techniques qui permet d’amener l’eau de sa source à son lieu de consommation).
Les fouilles préventives ayant lieu à l’emplacement du futur musée des Beaux-Arts, la question de leur préservation et de la valorisation de ce qui a été mis au jour a été soulevée. Il est prévu une modélisation 3D afin de pouvoir les présenter au public.
Pourquoi l’hermine ?
L’ordre de l’Hermine, est un ordre de chevalerie fondé en 1381 par Jean IV après son retour d’exil d’Angleterre (Guerre de Succession de Bretagne 1341 - 1364), à la suite de la bataille d’Auray, et sa victoire contre Charles de Blois. La création de l’ordre marque une volonté d’unification ducale en distinguant et rassemblant les nobles autour du prince.
L’ordre est ouvert aux femmes - les chevaleresses - depuis ses débuts, et n’est pas limité en nombre de chevaliers. Sa devise est « A ma vie ».
Quant à l’hermine, elle est déjà présente sur le blason de Pierre 1er de Bretagne, encore appelé Pierre Mauclerc ou Pierre de Dreux (1187 ? – 1250), et c’est cette hermine qui donne ses couleurs à la Bretagne, le noir couleur de l’hermine l’été, et le blanc, sa couleur d’hiver.
Aujourd’hui, dans la suite symbolique de l’ordre dissout à la Révolution, le « Collier de l’Hermine », est une distinction remise aux femmes et aux hommes qui ont le mieux servi la Bretagne.
Avec l'aimable relecture de Patrick Kernevez, maître de conférence en histoire médiévale - UBO (Université de Bretagne Occidentale) - UFR Lettres.
Vannes possède une atmosphère particulière, entre les vieilles pierres et les maisons à pans de bois, la puissance des fortifications, la présence de l’eau et les jardins multicolores : il fait bon y flâner. En déambulant dans la vieille ville, vous pourrez notamment découvrir la cathédrale Saint-Pierre, de style gothique, entourée de maisons anciennes, dont le parvis est un lieu très animé et commerçant.
Hôtel Lagorce
Il ne reste donc rien du château de l’Hermine, hormis les récentes découvertes archéologiques (2023) qui ne sont pas visibles, mais on peut découvrir de l’extérieur l’ancien hôtel Lagorce en étant en contrebas dans le jardin des remparts. Sa grande façade un peu austère se dresse sur les ruines du château ducal, c’est pourquoi on l’a longtemps appelé « Château de l’Hermine », alors qu’il s’agit bien de l’hôtel Lagorce.
Les remparts et les jardins
Aller à la découverte des remparts est une véritable promenade à travers le temps : visiter les remparts depuis les portions des murs gallo-romains au Nord, jusqu’aux portes fortifiées des Montfort (Porte Prison, Porte Calmont) permet d’effectuer un voyage à travers les époques et la vie d’une ville où se succèdent tours, bastions et portes. La totalité des fortifications a été classée à l’inventaire des Monuments Historiques en 1958.
Que l’on soit piéton ou en voiture, on ne peut pas ne pas voir les jardins, qui égaient les remparts, formant une ceinture colorée au pied des vieilles pierres. Ces jardins dits « à la française », comptent plus de 30 000 variétés de plantes et de fleurs. Leur accès est gratuit et ils sont ouverts toute l’année.
Au sud du jardin des remparts, on peut aussi croiser d’anciens lavoirs (les lavoirs de Garenne) au bord de la Marle, dite rivière de Vannes, qui est un fleuve.
Musée d’Histoire et d’archéologie
Le musée est situé dans l’hôtel particulier du XVe siècle, appelé Château Gaillard, construit par Jean de Malestroit, chancelier de Jean V, duc de Bretagne. Il contient notamment un exceptionnel mobilier funéraire du néolithique.
Le musée est actuellement fermé pour rénovation. Il n’y a pas encore de date d’ouverture communiquée.
Le site du musée d’Histoire et d’archéologie :
https://www.mairie-vannes.fr/musee-dhistoire-et-darcheologie
Ports de Vannes
Vannes abrite un port de commerce et de transport de passagers, et un port de plaisance.
Côté transport de passagers, c’est au départ de la gare maritime de Vannes que l’on rejoint la cale de Béluré à Arz.
Si vous souhaitez faire une excursion pour découvrir l’île d’Arz qui est une jolie île de 330 hectares plutôt sauvages, pensez à vous munir de chaussures de marche !
Vous trouverez des renseignements sur l’île sur le site de la mairie :
https://www.mairie-iledarz.fr/decouvrir-lile-darz/
Quant au port de plaisance, flâner sur ces quais qui sont en plein centre-ville est une agréable promenade, et des voies piétonnes et vélo en font le tour. Attention toutefois aux horaires des marées car quand le port est accessible à la navigation avec la haute mer, les passerelles piétons sont fermées. Il faut alors passer par le tunnel de Kérino.
Les livres et articles
Jean-Yves Le Lan, Vannes, histoire et patrimoine, Éditions Sutton, 2020.
Erika Graham-goering, Michael Jones, Bertrand Yeurc'h, Aux origines de la guerre de Succession de Bretagne, Éditions presse Universitaires de Rennes, 2019.
Collectif, sous la direction du musée de la Ville de Vannes, M. Christophe Le Pennec et de la Société polymathique du Morbihan, Vannes au Moyen-Âge, Éditions Locus Solus, 2016.
Jean-Christophe Cassard, La guerre de Succession de Bretagne, Éditions Coop Breizh, 2006.
Cornette, Joël. « Chapitre 18. Le règne de Jean IV (1364-1399) : comment devenir un souverain breton ? », dans Histoire de la Bretagne et des Bretons (Tome 1). Des âges obscurs au règne de Louis XIV, sous la direction de Cornette Joël, pp. 287-301, Éditions Le Seuil, 2005.
Manuelle Aquilina, « Les remparts de Vannes : un patrimoine ignoré hier, médiatisé aujourd’hui », dans Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, 109-1, 2002.
Article accessible en ligne :
https://doi.org/10.4000/abpo.1633
Claudie Herbaut, Gérard Danet, Christophe Le Pennec, Les remparts de Vannes, Éditeur Musée de Vannes, 2001.
Jean Kerhervé, « Écriture et récriture de l'histoire dans l'Histoire de Bretaigne de Bertrand d'Argentré. L'exemple du Livre XII, dans Chroniqueurs et historiens de la Bretagne : du Moyen Âge au milieu du XXe siècle », Presses universitaires de Rennes, 2001.
Article accessible en ligne :
https://doi.org/10.4000/books.pur.18482.
Bertrand Frélaut, Histoire de Vannes, Éditions Gisserot, 2000.
Michael Jones, La Bretagne ducale sous le règne de Jean IV, Éditions Presses universitaires de Rennes, 1998.
Christophe Le Pennec, « Vannes au Bas-Empire : un castrum », dans Actes du colloque « Vannes et ses soldats », CERSA, Université catholique de l'Ouest, Arradon, 1998.
Sites internet
Histoire de l’hermine d’Anne de Bretagne :
https://www.jaimemonpatrimoine.fr/fr/module/81/1613/l-hermine-embleme-d-anne-de-bretagne
Devise emblématique et héraldique à la fin du Moyen-Âge :
https://devise.saprat.fr/embleme/hermine-1
Le site de l’Office du Tourisme Golfe du Morbihan, Vannes : https://www.golfedumorbihan.bzh/