Château de Josselin
1000 ans d’Histoire
Dans le Morbihan, le château de Josselin et ses propriétaires sont liés, au fil des siècles, à nombre de grands évènements de l’histoire de Bretagne et de France dont le monument garde des traces et préserve la mémoire.
La famille de Rohan
On ne peut retracer l’histoire du château de Josselin, sans évoquer celle de la famille qui y est liée à travers les siècles. Les Rohan sont la famille propriétaire historique du château, et ils y résident toujours aujourd’hui. Il s’agit d’une grande famille aristocratique bretonne et française, qui, à l’apogée de sa puissance a possédé un cinquième de la Bretagne. Son fief se situe entre Rohan, Pontivy et Josselin.
Elle joue plusieurs rôles dans l’histoire de la Bretagne et de la France, notamment en étant tour à tour alliée des ducs de Bretagne et alliée du roi de France. Au XVIe siècle, une partie de la famille est protestante et prend part aux luttes de la Réforme. On y distingue des personnages comme Henri 1er de Rohan (1535-1575), le premier des Rohan protestant, ou encore Henri II de Rohan (1579-1638), protestant lui aussi, cousin du roi Henri IV. Ce dernier érige le vicomté de Rohan en duché-pairie – qui distingue les grands officiers dévoués à la Couronne, pairs de France - en 1603.
Les différentes convictions de la famille vaudront au château, au fil des siècles, de nombreux assauts et destructions.
Du XIe au XIIe siècle
L’histoire du château remonte au vicomte de Porhoët (dont descendent les Rohan), Guéthenoc, qui aurait construit un château de bois en 1008 sur un promontoire escarpé le long de l’Oust.
Vers 1170, c’est Henri II Plantagenet (1133-1189), roi d’Angleterre, qui détruit le château et la ville de Josselin. En effet, Conan IV (1154 -1166) sollicite son aide. Conan IV revendique le duché de Bretagne face à son beau-père et régent du duché de Bretagne, qui n’est autre que Eudon II de Porhoët (début XIIe, 1180) à qui appartient le château de Josselin.
Pour le roi, l’occasion est parfaite de tenter une mainmise sur la Bretagne à cette occasion (Henri II est aussi duc de Normandie et d’Anjou). En 1167 Eudon de Porhoët et Guiomarc’h, vicomte de Léon, entrent en rébellion ouverte contre le roi d’Angleterre : cela leur vaut de voir leurs terres respectives ravagées, et le château de Josselin détruit. Eudon de Porhoët s’enfuit quelques années puis revient en 1173 relever la forteresse.
Des choix et des affrontements
C’est ensuite au tour d’Olivier de Clisson (1336 - 1407) - autre grande famille de France - d’habiter Josselin. Olivier de Clisson va renforcer encore l’aspect défensif du château, en creusant des douves sèches, des remparts de 25 mètres, un donjon et plusieurs tours.
Mais Olivier de Clisson entretient une histoire compliquée avec Jean IV duc de Bretagne, qui vaut au château d’être assiégé. Les deux hommes se croisent et s’affrontent pendant plus de trente ans sur fond de luttes politiques et de pouvoir entre duché de Bretagne, royaume de France et royaume d’Angleterre.
Jean IV tente même de l’empoisonner et l’assiège à Josselin. Les deux hommes se réconcilient en 1396 et Olivier de Clisson, Connétable de France, décède à Josselin.
Après lui, différents Rohan se succèdent, dont Jean II de Rohan qui fait bâtir un logis de plaisance doté d’une façade de granit sculpté, toujours intacte de nos jours.
Rébellions huguenotes
L’histoire mouvementée du château et de ses occupants ne s’arrête pas là…Elle se poursuit avec Henri II de Rohan (1579-1638), protestant, cousin et ami du roi Henri IV. Après l’assassinat de ce dernier en 1610, les choses changent pour Henri II de Rohan qui perd un puissant protecteur, et pour les protestants qui doivent maintenant faire face à un changement d’orientation de la Couronne de France.
Car pendant sa régence, Marie de Médicis (1575-1642), seconde épouse d’Henri IV, se rapproche de l’Espagne catholique, et marie son fils Louis XIII (1601-1643) à Anne d’Autriche, infante d’Espagne.
Quant à Louis XIII, contrairement à son père, c’est un fervent catholique, et son ministre Richelieu (1585 -1642) entreprend à sa suite de combattre le protestantisme en France. C’est à Richelieu que l’on doit par exemple le siège meurtrier de La Rochelle, fief des protestants, et sa reddition en 1628 qui marque le déclin des forces protestantes.
Richelieu veut soumettre et tenir les « Grands » du royaume, et il a toutes les raisons de s’attaquer à Henri II de Rohan qui a pris la tête des rébellions protestantes. Richelieu fait ainsi abattre le donjon et plusieurs tours du château de Josselin (il le fait également dans de nombreux autres châteaux de France). Le château de Josselin est ensuite progressivement délaissé.
Restauration
Réquisitionné à la Révolution le château de Josselin sert aussi de prison avant d’être restitué à ses propriétaires en 1799. Mais il est en mauvais état, et le reste jusqu’aux alentours de 1835. C’est la date à laquelle Charles Louis Josselin de Rohan-Chabot (1819-1893) décide d’entreprendre d’importants travaux de restauration. Ils commencent en 1855 sous la direction de l’architecte Jules de la Morandière (1813-1905).
Aujourd’hui, le château est toujours habité par même famille et ses propriétaires sont Josselin et Antoinette de Rohan.
Le saviez-vous ?
Il est d’usage dans les grandes familles de l’aristocratie que les héritiers mâles portent le même prénom que leurs ancêtres. Ainsi, on trouve à travers l’histoire du château de Josselin plusieurs Eudon de Porhoët, plusieurs Olivier de Clisson, et plusieurs Rohan (Alain, Josselin), portant le même prénom ou des prénoms composés issus de leurs ancêtres. On accole parfois à leurs prénoms des numéros pour s’y retrouver (Eudon II, Olivier V, etc.). Et, même ainsi, il arrive qu’il y ait des confusions…
Ces numéros ne sont pas à confondre avec la numérotation des rois de France qui possédaient bien souvent des surnoms (Charles le Gros, Pépin le Bref) avant que les numéros ne leurs soient attribués.
Avec l'aimable relecture de Patrick Kernevez, maître de conférences en histoire médiévale, UBO (Université de Bretagne Occidentale), UFR Lettres.
Le château de Josselin
Le château de Josselin se dresse sur un éperon rocheux face aux rives de l’Oust et c’est assurément un très beau lieu à découvrir.
Si la façade côté rivière est austère, celle du nord-est du logis de Jean II, longue de soixante mètres est beaucoup plus délicate et richement ornée. De style gothique flamboyant, elle est entièrement en granit sculpté avec une double série de lucarnes à meneaux, et de nombreux décors (gargouilles, frises, arabesques, fleurs de lys, hermines…).
A l’intérieur du château vous découvrirez les vastes pièces du rez-de-chaussée, de la grande bibliothèque à la salle de réception, des salons à un bureau, ou encore la chambre d’Herminie de Rohan, et une pièce rassemblant des objets rares appartenant aux propriétaires. L’ensemble est richement décoré : tentures pourpres, bois massif, tableaux, armes, poutres peintes, devise des Rohan (« A plus ») ornant une cheminée. En suivant l’enfilade des salles vous pourrez vous imprégner de l’histoire de cette demeure et de l’esprit de ses occupants.
Le domaine du château de Josselin
Ne manquez surtout pas de découvrir le domaine du château qui s’étend sur près de quatre hectares. Vous y trouverez un parc paysagé, un jardin à la française et un jardin à l’anglaise. Le jardin à l’anglaise, qui s’étend au pied des remparts, comprend des azalées, des cornouillers, ou de superbes massifs de rhododendrons, qui s’élèvent à l’ombre des grands arbres.
C’est Achille Duchêne (1866-1947), architecte paysagiste renommé, qui en a conçu les différents espaces.
C’est ensuite l’architecte paysagiste Louis Benech (Jardin du Soleil à Villandry, jardins de la Fondation Carmignac) qui réaménagera le jardin à l’anglaise et créera une roseraie qui comprend une quarantaine de variétés. En se promenant, on peut également y découvrir des arbres rares, un tulipier de Virginie ou encore un séquoia géant importé de Californie.
C’est aussi l’occasion de mieux comprendre l’art des jardins, de découvrir un peu de son histoire et de la pensée de ceux qui la conçoivent. En observant, tout en se promenant, l’expression d’une certaine rigueur, et les conventions issues des conceptions du XIXe siècle. Ou au contraire, la place qui est laissée à la nature et son aspect poétique et sauvage, des jardins à l’anglaise et de leur interprétation au XXIe siècle.
Le musée de poupées et des jouets
Il est installé dans les anciennes écuries du château et compte une collection de plus de 5000 pièces. Vous y découvrirez de rares poupées, dont des poupées du Japon, d’autres avec différents costumes bretons, mais aussi des maisons de poupées, des dînettes, ainsi que de nombreux jouets, des jeux de société, des trains et des avions.
Les visites du château, qu’elles soient libres ou guidées, comprennent un accès au musée de poupées.
Les livres et articles
Eric Mension-Rigau, Les Rohan, Histoire d'une grande famille, Éditions Perrin, 2017.
John Bell Henneman, Olivier de Clisson et la société politique française sous les règnes de Charles V et Charles VI, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2011.
Jean-Marie Pérouse de Montclos (sous la direction de), Guide du patrimoine Bretagne, pp. 272-276, Éditions du patrimoine - Centre des monuments nationaux, 2002.
Monique Mosser, Georges Teyssot, Histoire des jardins de la Renaissance à nos jours, Éditions Flammarion, 2002.
Antoinette de Rohan, Le château de Josselin, Éditions Ouest-France, 2000.
André Mussat, « Le château de Josselin », dans Congrès archéologique de France, vol.141, 1986.
Les sites Internet
Office de tourisme de Rochefort en Terre :
Site du château de Josselin :
https://www.chateaudejosselin.com/