Château de Brest
18 siècles d’histoire
Cette forteresse, qui a résisté à tous les assauts, est un témoin unique de 18 siècles de l’histoire maritime et militaire de la ville.
Promontoire avancé de l’Armorique, situé à l’embouchure de la rivière Penfeld et au croisement de routes commerciales maritimes, l’emplacement militaire du futur château est déterminé dès la fin du IIIe siècle de notre ère.
L’Empire romain
A la fin du IIIe siècle, ou au tout début du IVe siècle, les romains bâtissent sur cet éperon rocheux un castellum (fortin) permettant d’abriter une garnison, de surveiller les possibles incursions de pirates saxons, tout en dominant un mouillage abrité dans la rade de Brest. On peut encore observer aujourd’hui une partie de la muraille du castellum et les fondations d’une tour romaine.
Après le départ de l’Empire, on connait peu de l’histoire du château, mais l’on suppose que le site est demeuré une place défensive.
Au Xe siècle, la ville, qui s’est développée à l’intérieur des remparts, et la forteresse appartiennent au comte du Léon Even le grand qui tient sa cour au château.
Les Anglais ne sont jamais loin
La Guerre de Succession de Bretagne (1341-1364) va voir la forteresse passer aux mains des Anglais.
Cette guerre commence à la mort du duc de Bretagne Jean III (1286 -1341) qui décède sans avoir désigné de successeur. S’opposent alors Jeanne de Penthièvre et Jean de Montfort, les deux prétendants, étant alliés respectivement au royaume de France et à celui d’Angleterre, avec qui le roi de France est en guerre depuis 1337.
En échange de leur appui aux Montfort, les Anglais obtiennent le château qu’ils occupent de 1342 à 1397. Edouard III (1312-1377), alors roi d’Angleterre, y séjournera même en 1342. Le duc de Bretagne Jean IV (1339 - 1399) récupèrera finalement son château des mains de ces anciens alliés Anglais en 1397.
Plusieurs incursions anglaises auront lieu au XVe siècle, sans succès, pendant que les travaux et aménagements défensifs de la forteresse se poursuivent.
La duchesse Anne de Bretagne (1477-1514) alors qu’elle n’est pas encore reine de France fera brièvement alliance avec Henri VII (1457-1509) d’Angleterre en lui donnant notamment Brest. Mais la ville, son port et la forteresse retournerons à la France à la fin du XVe siècle lors du mariage d’Anne de Bretagne avec le roi Louis XII (1462 -1515).
La Marine Royale
Après avoir traversé le XVIe siècle et les guerres de Religion (1562-1598) - pendant lesquelles la ville reste fidèle au roi - la forteresse est accompagnée de nouveaux aménagements défensifs (bastions, tours), et voit la ville se développer hors de ses remparts.
Au XVIIe siècle, Richelieu fait le choix de Brest en 1631 pour y créer un port de guerre de la marine Royale. Missionné pour les travaux, Vauban arrive à Brest en 1683. Il écrit : « Brest, sa rade, les rivières de Landerneau et de Landévennec, qui sont autant de beaux ports avec le détroit appelé goulet, ont tellement été faits pour l’établissement d’une grande marine que, quand la nature les aurait faits exprès, elle n’aurait pu mieux réussir ».
Vauban s’attelle ensuite à la modernisation de la forteresse, et introduit de nombreux emplacements destinés à l’artillerie. Pour ce faire, il rase notamment des tours romaines. Il fait aussi édifier un réseau de souterrains qui permet de se déplacer à couvert et d’accéder à la plateforme d’artillerie et à la Penfeld.
Vauban fait de la forteresse une citadelle stratégique, défensive et protégée côté mer et côté terre.
Fin XVIIe, Colbert, ministre de Louis XIV, contribuera quant à lui au considérable développement de l’arsenal (magasin aux poudres, corderie, hôpital militaire, bagne…).
Dans le prolongement de cette volonté d’une grande ville maritime et moderne, une académie de Marine sera créée à Brest sous Louis XV en 1752 réunissant officiers de marine, astronomes, cartographes et mathématiciens afin de progresser dans la connaissance des océans et des instruments de navigation. Elle cessera son activité à la Révolution en 1793 (une autre Académie de Marine existera à partir de 1921 à Paris).
Les suites de la Révolution, puis la politique de l’Empire verront ainsi cet élan maritime, militaire et scientifique décliner pour un temps. Le château de Brest sert de prison à la Révolution, puis le Blocus continental (1806 -1814) du Premier Empire marque l’isolement du port et de la ville.
Guerres mondiales
Pendant la Première Guerre mondiale le château, qui abrite le 19e régiment d’infanterie, accueillera ou logera au fil de l’année 1917 près de 800.000 soldats américains, qui vont ensuite rejoindre le front.
La Seconde Guerre mondiale voit le château de Brest occupé dés 1940, et ses cachots servent de nouveau. Les Allemands y percent aussi des souterrains à partir de 1942.
Lors du siège de la ville en 1944, le château ressortira quasi intact (des dégâts dans les casernes et sur les toitures) alors que la ville, elle, est presque entièrement rasée à la suite des bombardements Alliés.
En 1945, le château de Brest revient à la Marine nationale qui y installera en 1953 la Préfecture maritime de l’Atlantique qui y demeure encore aujourd’hui.
Avec l'aimable relecture de Alain Boulaire, agrégé et docteur en histoire.
Le musée national de la Marine
Naturellement installé dans le château de Brest, le musée retrace l’histoire maritime de la ville et de l’arsenal. Au travers ses 15 salles d’exposition permanente, vous découvrirez l’art de la construction navale, comme l’expédition de Jean-François de La Pérouse, qui part de Brest en 1785 pour son dernier voyage. Vous y verrez aussi de superbes figures de proues, des instruments de mesure, comme de nombreuses maquettes et modèles de navires. Vous pourrez aussi vous promener sur certaines parties extérieures du château de Brest et découvrir le panorama qui s’ouvre sur la rade et les ports.
En vous rendant aux Ateliers des Capucins, qui ne sont pas très loin, vous aurez l’occasion de voir le canot que l’empereur Napoléon 1er a utilisé pour visiter l’arsenal. Les Ateliers des Capucins sont un lieu prisé des brestois, dans lequel vous trouverez notamment le musée 70.8, le musée pour l’océan (juste à côté du canot de l’empereur). On peut y découvrir les différentes biotechnologies marines, comme l’exploration des grands fonds, ou les moyens de transport maritimes de demain.
Musée de la Marine de Brest :
https://www.musee-marine.fr/nos-musees/brest.html
70.8 Musée de l’Océan :
70.8 https://www.70point8.com/
Les livres et articles
Jean-Michel Simon, Le château de Brest : 1700 ans d’histoire architecturale, Éditions Skol Vreizh, 2024.
François Bellec, La mer : une grande aventure française, Éditions de Monza, 2021.
Christian Corvisier, « Le château de Brest. Du donjon des ducs de Bretagne à la place forte d’État », dans Monuments du Finistère, Congrès archéologique de France, Paris, Société française d’archéologie, 2007.
Luc Mary, Vauban, le maître des forteresses, Éditions l’Archipel, 2002.
Alain Boulaire, Le château de Brest et le musée national de la Marine, Éditions Ouest France, 2001.
Alain Boulaire, Alain Coz, Brest mémoire océane, Chronique d’histoire de Brest et de la marine, Tome 2, Éditions Le progrès de Cornouaille Le Courrier du Léon et du Tréguier, 1994.
Les sites Internet
Office de tourisme de Brest :
https://www.brest-metropole-tourisme.fr/