Cathédrale Saint-Corentin
Quimper-Corentin
La cathédrale de Quimper est une splendide cathédrale gothique dont la construction s’est déroulée sur 6 siècles. Elle raconte aussi l’histoire de son fondateur, Corentin, qui serait le premier évêque de Bretagne.
La cathédrale Saint-Corentin
Elle est située à Quimper (Kemper en breton, "le confluent"), et le nom d’origine de la ville est associé à celui de Corentin : Quimper-Corentin.
De la fondation légendaire par Saint-Corentin de l’église qui a précédé la cathédrale, on trouve des traces de la base d’un édifice préroman. D’autres traces ultérieures permettent d’attester la présence d’une église ou chapelle romane datée aux environs de 1058 et vouée à Notre-Dame.
Une cathédrale gothique est ensuite édifiée à partir de 1240 ou 1241, les travaux continuant du XIIIe siècle au XVe siècle. L’un des grands artisans de son édification est l´évêque de Quimper (1416-1445) Bertrand de Rosmadec, proche du duc de Bretagne, Jean V. En 1424, il entérine, notamment, la pose de la première pierre des tours.
Mais la construction de la cathédrale s'échelonne sur plusieurs siècles encore ! Son transept est achevé au XVIe siècle, et ses grandes flèches au XIXe. Ces dernières ont été réalisées en partie grâce au financement des quimpérois. Elle a aussi fait l’objet de plusieurs et longues campagnes de travaux et de restauration, dont une confiée à l’architecte diocésain Joseph Bigot au XIXe.
Lors de l’une de ces campagnes, réalisée dans les années 1990, on a retrouvé des traces de peintures polychrome du XVe siècle sur les nervures et les clés de voûte du haut-chœur. Les peintures de Jean-Edouard Dargent (1824-1899), dit Yan’ Dargent, ont aussi été restaurées. Ce peintre et illustrateur a mis sept années à réaliser les peintures des chapelles latérales.
Une nef peu commune
La cathédrale présente une curieuse particularité, sa nef est déviée vers la gauche. La nef d’une église ou d’une basilique, est la salle centrale bordée de piliers, et généralement le lieu dans lequel on assiste à la messe. Ici, la déviation saute aux yeux quand on lève la tête. De nombreuses hypothèses ont été émises pour tenter d’expliquer ce détail, des plus fantaisistes à de plus symboliques, comme par exemple le fait qu’elle serait orientée comme la représentation du Christ sur sa croix, la tête penchée.
L’historien de l’architecture Yves Galet, émet une autre hypothèse : en 1424 le chantier de la cathédrale est financé par le duc de Bretagne Jean V qui souhaite affirmer et afficher son autorité. Il fait placer ses armoiries et celle de son épouse sur la façade, et il aurait donc demandé à dévier cette partie afin que la façade soit plus visible de la rue principale de Quimper.
Saint-Corentin
La vie des saints hommes est parfois compliquée à retracer… Ainsi en va-t-il de Corentin (appelé Kaourintin ou Kaour, en breton), fondateur de l’église qui a précédé la cathédrale actuelle. Il serait né en Armorique en l’An 375. On trouve trace de sa participation au concile d’Angers en 453, un concile étant une assemblée d’évêques de l’église catholique.
Corentin serait le premier évêque de Bretagne, nommé par le roi Gradlon - roi légendaire d’Armorique - lorsque ce dernier décide de fonder l’évêché de Quimper. Il a aussi deux compagnons, Guénolé et Tudy, qui tous deux joueront des rôles importants dans l’Église de Bretagne.
Voilà ce qui est parvenu jusqu’à nous de la vie de Saint-Corentin : il vit au Ve siècle et mène une vie exemplaire d’ermite à Plomodiern, près du Menez-Hom. Corentin vit dans la nature près d’une fontaine dans laquelle se trouve un poisson dont il découpe une tranche quotidiennement pour se nourrir. Le poisson reprend miraculeusement sa forme à chaque fois. Lorsqu’un jour, lors d’une partie de chasse, le roi Gradlon et ses troupes s’arrêtent près de lui, Corentin va nourrir et rassasier tout le monde avec son seul poisson. Le roi, émerveillé et reconnaissant, décide alors de lui donner un palais et de lui confier l’évêché de Quimper. On dit que Corentin dirigea son diocèse avec discernement et sagesse. Saint-Corentin fait partie des sept saints qui auraient évangélisé la Bretagne.
Parmi les sources anciennes permettant de retracer la vie de Saint-Corentin, deux textes sont d'une importance particulière. Tous deux datent, vraisemblablement, du XIIe et XIIIe siècle, rassemblés en un seul, annotés et commentés : il s'agit de « La vita sancti corentini », publiée par Dom François Plaine, un bénédictin, en 1886. Un autre ouvrage, la « Vie des saints de la Bretagne Armorique », apporte d'autres informations sur la vie et l'œuvre du saint quimpérois : il s'agit d'un texte publié en 1637 par Albert le Grand, frère dominicain, et hagiographe breton. Ce dernier ouvrage a beaucoup contribué à forger la notoriété et la popularité des saints bretons.
Vous avez dit hagiographe ?
Qu’est-ce qu’un hagiographe ? C’est celui qui rédige la vie des saints, ou qui écrit sur l’étude et la description des choses sacrées. Aujourd’hui, nous connaissons plutôt le sens figuratif du mot, qui se dit d’un écrit ou d’un propos trop élogieux. Ceci n’étant pas éloigné de cela. Car rédiger les vies des saints se fait dans un contexte politique, religieux et économique, et les écrits ne sont pas objectifs. Ils sont dictés par des commanditaires et/ou les enjeux du moment, ou les affinités de ceux qui rédigent, distinguant tel fait ou telle action en fonction de l’effet escompté.
Saint-Corentin est fêté par l’église catholique le 12 décembre.
La cathédrale Saint-Corentin
La cathédrale est aussi élégante qu’imposante, avec ses 92 mètres de long, des voutes à 20 mètres de hauteur et des flèches à 75 mètres !
Sa façade blanche, magnifique, est ornée de statues, de niches, de pinacles (couronnement d’un contrefort) et de gargouilles, ainsi que de tout un bestiaire dans lequel on compte des chiens comme des personnages fantastiques. Elle compte trois portails, au Sud, celui de Sainte-Catherine, le portail Nord, le porche des baptêmes, et le porche occidental entre les deux tours. À l’intérieur, outre son architecture remarquable, elle possède de nombreuses sculptures, ainsi qu’un ensemble de dalles funéraires classées Monuments Historiques en 1914. La cathédrale a aussi été mise à sac pendant la Révolution (en 1793) et son mobilier détruit.
Ne manquez pas de prendre le temps d’observer également ses vitraux qui ont une histoire complexe : certains vitraux du XVe siècle sont conservés, d’autres ont été déposés et remontés lors des restaurations successives, et certains datent du XIXe et du XXe siècles. Certains racontent la vie de Jean-Baptiste, d’autres de Saint-Joseph, celle de Saint-Benoît, mais également Saint-Roch, Saint Guénolé, Saint-Yves, et d’autres encore, et bien-sûr la vie de Saint-Corentin.
On peut monter et visiter la flèche Sud de la cathédrale le dernier dimanche du mois hors saison, et tous les dimanches en saison. Il faut s’inscrire au préalable sur le site de la maison du patrimoine. La visite est gratuite. Pensez à vous inscrire suffisamment à l’avance car la visite est très demandée !
Site pour les réservations : https://www.quimper.bzh/1584-reservez-vos-visites-du-patrimoine.htm
La ville de Quimper
La ville initiale est entourée de remparts et on y trouve aujourd’hui encore de très nombreuses maisons aux façades à pans de bois et encorbellements, souvent fleuries, datant du XVe siècle, notamment tout autour de la cathédrale. Il fait bon flâner en centre-ville en se laissant imprégné de cette atmosphère. La ville est par ailleurs labellisée « Ville d’Art et d’Histoire ».
Le Musée départemental breton
Le Musée départemental breton occupe l’ancien palais des évêques de Cornouaille à côté de la cathédrale, et a été créé en 1846. A l’intérieur, on peut découvrir de nombreux vestiges de l’édifice du XVIe, et vous pourrez aussi découvrir le chapiteau du XIe siècle, vestige de l’église romane précédent la cathédrale.
A l’origine, le musée est destiné à recueillir les objets patrimoniaux du Finistère, et notamment ceux issus de fouilles archéologiques, puis, au fil du temps, il a rassemblé d’autres collections, comme celle d’art populaire et celle d’art appliqué régionaux.
C’est ce qui fait toute sa diversité et sa richesse, car on y trouve aussi bien des objets archéologiques, des monnaies, du mobilier, des textiles, des peintures, des sculptures, comme des photographies ou des céramiques. C’est vraiment un voyage de découvertes par toutes les formes d’art et d’expression pour apprendre à mieux connaitre le Finistère.
Visites virtuelles du musée : https://musee-breton.finistere.fr/fr/visite-virtuelle
Le site du musée : https://musee-breton.finistere.fr/fr/
La faïence de Quimper
La faïence est produite à Quimper dans le quartier de Locmaria, sur les rives de l’Odet, depuis 1708.
Le Musée de la Faïence de Quimper permet de découvrir quelques cinq cent pièces. En le visitant vous apprendrez tout de l’histoire de cette faïence, des différents styles, des artistes et de leurs apports, ainsi que la célèbre faïencerie Henriot, à qui l’on doit le premier « bol breton », le bol à oreilles - qu’il n’aura en fait que plus tardivement -, inspiré des écuelles des paysans.
Avec l’essor des congés payés, et la volonté de rapporter des souvenirs des régions où l’on se rend, le bol va changer un peu et devenir très populaire. C’est la faïencerie de Pornic qui en 1950 fixe sa forme telle que nous la connaissons : motifs folkloriques, oreilles, couleurs blanches et bleues et prénoms gravés.
Site du musée : https://www.musee-faience-quimper.com/
Les livres et articles
Anne Vuillemard-Jenn, « La cathédrale de Quimper et sa place dans l'histoire de la polychromie flamboyante », dans (collectif) Peintures monumentales de Bretagne, p.69-79, Éditions Presses universitaires de Rennes, 2021.
Mathias Tranchant, « Chapitre V. Les ports de Bretagne », dans Les ports maritimes de la France atlantique (XIe XVe siècle) : Volume I : tableau géohistorique, Éditions Presses universitaires de Rennes, 2018.
Article accessible sur Internet : http://books.openedition.org/pur/174742
Sous la direction de Monseigneur Jean-Marie Le Vert, évêque de Quimper et Léon. Direction scientifique et coordination : Philippe Bonnet, Yann Celton, Jean-Paul Larvol, Jean Marc. Préface de JMG Le Clézio et Philippe Le Guillou, Quimper, la grâce d’une cathédrale, Coédition La Nuée Bleue / Place des Victoires, 2013.
Jean-Pierre le Bihan, Jean-François Villard, Archéologie de Quimper, matériaux pour servir l'Histoire. Tome 2, Au temps de l'empire romain, Éditions Cloître, Centre de Recherche Archéologique du Finistère, 2012.
Jules Verlingue, Histoire de la faïence de Quimper, Éditions Ouest France, 2011.
Yves Gallet, « Quimper, cathédrale Saint-Corentin. L'architecture (XIIIe – XVe siècle) », dans Congrès archéologique de France « Finistère 2007 », p. 261-292, 2009.
Anne Brignaudy, Yves-Pascal Castel, Tanguy Daniel, Jean Kerhervé, Jean-Pierre le Bihan, Vitraux de la cathédrale Saint-Corentin de Quimper, Éditions Presses universitaires de Rennes, 2005.
Françoise Gatouillat, Michel Herold, Corpus Vitrearum, Les vitraux de Bretagne, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2005.
Jean Kerhervé, Histoire de Quimper, Éditions Privat, 2000.
Jean-Philippe Dupuy, Le chœur de la cathédrale de Quimper, sa construction, sa place dans l'architecture gothique de Bretagne, mémoire de maitrise sous la direction de Anne Prache, Université de Paris, 1987-1988.
Sites internet
Ethel C. Fawtier-Jones, Le « vita » ancienne de Saint-Corentin », 1915 :
https://m.shabretagne.com/scripts/files/63cfbe8a9a3229.49284497/1925_01.pdf
La page du site de l’Office de Tourisme Quimper-Cornouaille consacrée à la ville : https://www.quimper-tourisme.bzh/quimper-ville-dart-et-dhistoire/
La page du site de l’Office de Tourisme Quimper-Cornouaille consacrée la cathédrale, dans laquelle vous pouvez aussi découvrir une visite virtuelle : https://www.quimper-tourisme.bzh/cathedrale-saint-corentin/