Abri Sadi Carnot
Achevé en 1943, l’abri Sadi Carnot protègera les brestois des bombardements, avant que d’être le lieu d’un drame le 9 septembre 1944 qui coûta la vie à 373 civils et des centaines de soldats allemands, quelques jours avant la libération de la ville.
Brest occupée et bombardée
A partir de 1940, l’armée allemande est dans Brest. Entre le 18 juin 1940 et le 18 septembre 1944, date de la reddition allemande, les bombardements alliés ne vont cesser de toucher la ville.
Le port et l’arsenal de Brest sont des enjeux pour les allemands et les premiers bombardements sont ciblés sur ces objectifs. Les habitants se protègent dans les caves ou dans des tranchées. Mais les bombardements vont s’intensifier, et en juillet 1941 le préfet du Finistère alerte le maire de Brest sur la nécessite de construire des abris plus grands pour la population. Dans le même temps, une partie des habitants commence à évacuer la ville.
La construction des trois abris commence en 1942 et s’achève au printemps 1943. L’abri dit Sadi Carnot (du nom du président de la République entre 1887 et 1894 Sadi Carnot) est immense : 560 mètres de long entre la porte de l’arsenal (Porte de Tourville) et la place Sadi Carnot en centre-ville. Il faut emprunter 154 marches pour descendre aux 25 mètres de profondeur.
En août 1944 le siège de Brest va commencer. Ce sont près de 30.000 tonnes de bombes et 100.000 obus qui vont ravager la ville. Entre les bombardements du début de la guerre et ceux précédant la reddition des allemands, la ville est détruite à 90%. C’est un champ de ruines.
La nuit du 8 au 9 septembre 1944
Le siège de Brest commence le 7 août 1944 pour s’achever le 18 septembre de la même année. L’armée américaine progresse difficilement en raison des défenses allemandes de la ville. La population est majoritairement évacuée, mais certains restent ainsi que ceux qui assurent les secours et les services municipaux.
Dans l’abri Sadi Carnot cela fait 27 jours que des brestois réfugiés occupent une partie de l’abri, l’autre étant partagée avec des soldats allemands. Le général Ramcke, commandant allemand de Brest a autorisé l’opération pour les brestois qui n’ont pu être évacués.
Presque 400 personnes s’entassent dans les couloirs.
Mais des munitions et du carburant ont également été stockées sous terre par les troupes allemandes et dans la nuit du 8 au 9 septembre un incident – possiblement produit par une erreur de manipulation d’un groupe électrogène par un soldat – déclenche un incendie suivie de violentes explosions.
Seule une trentaine de personnes va en réchapper, et plus de 370 autres vont périr, ainsi que probablement une centaine de soldats allemands. Les gens dormaient et beaucoup ont été surpris et sont morts instantanément. Certains témoins décrivent les flammes de l’incendie s’élevant à 25 mètres de hauteur à l’une des extrémités du tunnel. Ceux qui en ont réchappé ont pu témoigner de la violence des explosions, des fumées suffocantes et du chaos qui régnait alors.
Avec l'aimable relecture de Alain Boulaire, agrégé et docteur en histoire.
L’abri Sadi Carnot
Dans l’ancien abri, en 2008 après des travaux, le site devient un lieu de mémoire sur l’histoire et les victimes du drame. Une scénographie avec des panneaux explicatifs et des audioguides permettent d’accompagner le visiteur, et un lieu d’exposition renseigne sur les abris de la Seconde Guerre mondiale. De nombreux et émouvants témoignages permettent de comprendre les conditions de vie des brestois et des réfugiés.
Musée mémorial des finistériens
C’est au fort de Montbarey, datant du XVIIIe siècle que se trouve ce musée qui retrace l’histoire du Finistère durant la Seconde Guerre mondiale.
Il comporte cinq salles principales - qui sont autant d’anciennes affectations des lieux du fort : logements, ateliers d’artillerie, boulangerie, infirmerie - dans lesquelles vous trouverez des vidéos, comme des expositions ainsi que des maquettes, des objets et des véhicules de l’époque. Vous pourrez également accéder à une boutique/librairie.
Fort de Montbarey :
Fort de Montbarey - Allée Bir-Hakeim, Brest
Tél. : 02 98 05 39 46
Vous trouverez un parking à l’intérieur du fort.
Les livres et articles
Tristan Leroy, La Bretagne dans la Seconde Guerre mondiale. Occupation – Résistance – Libération, Éditions Ouest France, 2023.
Benoît Leclercq, L’Abri (roman), Éditions Jets d’encre, 2021.
Olivier Polard, Stéphane Massé, Les brestois dans la guerre (39-45), Éditions Dialogues, 2018.
Jean-Yves Besselièvre, « Les bombardements de Brest (1940-1944) », dans Revue Historique des Armées, n°211, pp. 97-108, 1998.
Article disponible en ligne :
https://doi.org/10.3406/rharm.1998.4756
Les sites Internet
Office de Tourisme de Brest :
https://www.brest-metropole-tourisme.fr/explorer-brest-metropole/decouvrir/abri-sadi-carnot-brest/
France 3 Bretagne - L'abri Sadi Carnot à Brest : témoin de la vie quotidienne des populations pendant la guerre :
https://www.youtube.com/watch?v=N7-SnvXh-eI
Métropole et ville de Brest - Brest sous les bombes :